Le blog de bzhitchhiker

Une fois de plus, j'ai pris la route vers l'inconnu. mais cette fois, bien loin des pays scandinaves, c'est vers le sud que je suis parti. A Nice. Départ en milieu d'après-midi , une fois de plus, l'A84 comme point de départ. La chance me sourit, et je me retrouves vite a Nantes. je teste mon nouveau téléphone, qui, malgré une autonomie moyenne, me permettra désormais d'écrire plus facilement quand je suis sur la route, et, en cas de gros soucis, de me servir du GPS intégré.

je ratrappes le sud de la ville, la nuit commence a tomber, mais je n'ai pas de mal a trouver le lift qui me changera la première partie de nuit. j'arrives a rattraper bordeaux sans difficultés, puis passe deux heures à parler avec l'employé qui fait les 3 x 8 pour un salaire de misère. C'est son avant dernier soir, il a démissionné. On parle de la puissance des groupes pétroliers, de leur influence sur le monde, de leurs activités de lobby. prendre un point de vue de l'intérieur, même au plus bas, me permet de mieux cerner ce que les gens pensent de ces entités au dessus des lois. je trouves deux petits lifts qui m'amenent au delà de Bordeaux, puis à Agen. Là-bas, l'aire d'autoroute est déserte, et il n'est pas possible d'entrer entre 23h et 6h du matin. J'enfiles quelques vetements chauds et me poses sur un banc pour lire. Il fait -2°c,et il est 3h00 du matin. je lis quelques heures, fais une pause, et trouves une trotinette derrière un Buisson. On sent qu'elle a du vécu, je la récupères, l'essayes, la musique à fond. C'est fou comme le temps passe différemment quand on est seuls, et que personne ne nous voit. Et c'est encore plus fou de voir ce que l'on fait. Au bout d'une demi heure, j'attaches la trotinette au sac.  Elle voyagera avec moi, jusqu'à ce qu'elle rende l'âme., Nouveau lift, et c'est juste avant Toulouse que je vois le soleil se lever. Je n'ai pas de mal a avancer, et fini par trouver LE lift de la journée, qui m'amenes de la seconde aire après toulouse jusqu'a aix en provence. Un petit coup dur de trois heures pour 40 bornes, et je rencontres Eric, videaste amateur semi pro, qui montes doucement. il m'amenes a nice. pendant que je files bonne allure sur la promenade des anglais, je regardes autour de moi, et  je remarques qu'ici, ils sont tous semblables. Tous souhaitent être différents, se démarquer, mais tous sont les mêmes. Lunettes "Dolce & Gabana" ,  Jeans "Levis", polo lacoste, etc. Je me sens comme un alien sur ma trotinette avec mon sac militaire customisé et plein à craquer. partout autour de moi, surconsommation, "bling bling" , même la "plage" sent l'artificiel .

L'air est iodé, mais sens le parfum sephora . Les effluves d'un Mac do entre un salon de coiffure et une banque. je ne me sens pas à l'aise ici, je me recentre sur autre chose, sur ma route, et retrouve mes amis. je passes quelques jours à découvrir à quel point le sud est superficiel. moi qui pensait toucher le fond a paris, je découvres que c'est ici pire. les rues semblent propres,mais l'air est pollué, l'eau à un goût différent. j'ai chaud. je repars après quelques jours pour la suisse. une chaude journée sur la route, il est difficile de passer lyon. la prochaine fois, je prendrais une autre route, quitte a changer plus de fois de direction. Je finis par trouver un Lift pour chamonix. après les 22°C de l'après midi, se retrouver a 1200 mètres d'altitude, c'est aussi perdre 20° ... je passes enfin la frontières, et c'est par surprise, qu'au détour d'un virage j'aperçoit une ville. non pas a mon niveau, mais un kilomètre en dessous. je comprends que tout a encore changé. Je retrouve mes amis après quelques kilomètres avec un immigré chauffeur pour touristes friqués et une joueuse d'accordéon. la ou l'on me dépose, je vois des caméras partout. c'est l'hopital de Sion, et le bus s'est crashé le matin même, tuant 22 gosses. quelque chose flotte dans l'air, je ne m'éternise pas. En ville tout est calme. on s'arrêtes boire un verre de vin dans un bar qui vien d'ouvrir. Mon premier accueil coupe complètement les jours Niçois.

je découvres ici un aspect du monde différent. du fric partout, un garage ferrari au coin d'une rue, des voitures de luxe, des rues propres, l'air de la montagne, peu de circulation, des gens souriants.j'arrives le lendemain a monthey, après un tour dans la vieille ville de Sion. la trotinette a montré son utilité, j'ai probablement mit 45 minutes de moins qu'a pieds pour descendre jusqu'a un spot interessant. je me retrouves loin de ce que je vois d'habitude dans les grandes villes françaises, mais je ne saurais expliquer quoi. pause pour déjeuner au bord d'un étang au nom que je n'ai pas retenu. la suisse me présente ses beaux jours. soirée psychédélique, musées, ici, je me ressources. ces montagnes, les petits passages dans la neige, c'est comme si un peu de norvège m'avait été envoyé pour que je puisse reprendre pieds.après quelques jours, je dois quitter mes amis et reprendre la route, en direction de paris. une dernière coupure brusque avant de rentrer, et tout sera fini.

une fois de plus, j'aurais bouffé du km.avallé une longue bande d'asphalte aux nombreux croisements. a chacun d'entre eux, c'est de nouvelles rencontres qui m'ont bercées, de nouvelles amitiés provisoires. quelques fous rires, des moments de grande reflexion. mais surtout, pour quelques jours passés a me poser de nombreuses questions, entre des soirées jaccuzzi brulant glacées improvisées dans un appartement sans jaccuzzy, l'oubli et la trance psychédélique, l'air des montagnes, le réveil dans un chalet sous la neige, c'est un peu du monde que j'ai pu observer, sous ses différentes formes. bientôt 100 000 km. bientôt, j'aurais rempli ce challenge que je m'étais fixé.

Au détour de ces routes, malgré ces expériences ordinaires vécues par quelqu'un d'ordinaire, c'est une expérience hors du commun que j'ai vécu. ce qui était au départ de la dépanne, puis un moyen de transport comme un autre, est devenu un art de vie...

et si on se donnait rendez vous dans 1870 km pour faire le point là dessus, et mettre en route un nouveau challenge?